Nourrissage des animaux sauvages : des impacts non négligeables !
Publié le 11 juillet 2018 par Parc Naturel Régional des Ardennes
Comptage d’oies Bernache du Canada – Février 2018 – Voie verte
Rassembler des restes de pain et les porter « aux canards », un réflexe qui nous semble normal. Or, ces kilos de nourritures apportés tous les jours, été comme hiver, ont un impact sur les animaux et l’environnement.
Un impact sur la santé des Animaux
La nourriture « humaine » ne convient pas aux animaux sauvages. Ce type d’alimentation les affaiblit donc et les rend plus sensibles aux maladies. Le nourrissage peut même mener à des décès en masse (gonflement d’estomac, non assimilation des aliments).
Nourrir les animaux sauvages entraîne une habitude et créé une dépendance vis-vis de cette source de nourriture. Les animaux perdent le réflexe de rechercher eux-mêmes leurs aliments et tombent alors dans un piège écologique.
Un équilibre écologique rompu
Les kilos de nourriture s’accumulent à certains endroits à la fois sur les berges et dans l’eau perturbant ainsi l’équilibre écologique de ces milieux : croissance d’algues, odeurs nauséabondes et prolifération d’espèces non désirables comme le rat. Les risques sanitaires liés à ses impacts sont accrus et des maladies peuvent apparaître comme le botulisme, la leptospirose, la salmonellose…
Augmentation des populations
Cette accumulation de nourriture va entraîner une augmentation du nombre d’individus sur une même surface. Cet apport artificiel profite aux espèces opportunistes comme les pigeons, les rats, les Bernaches du Canada, au détriment d’autres espèces tels la poule d’eau, le canard colvert…
Par exemple, depuis une dizaine d’années, on assiste à une prolifération du nombre des oies Bernache du Canada sur le territoire du PNR des Ardennes.
- En 2010 : présence de quelques couples disséminés sur le territoire
- En 2018 : le comptage fait en février par le PNR des Ardennes, l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage et la Fédération Départementale de Chasse des Ardennes sur les vallées de Meuse et Semoy a dénombré plus de 1 000 individus. Ce comptage a été facilité grâce au Conseil Départemental des Ardennes qui a autorisé le PNR des Ardennes et ses partenaires à circuler sur la voie verte, à la communauté de communes Vallées et Plateau d’Ardenne pour la voie transemoysienne et le CNPE de Chooz pour le secteur compris entre Chooz et Ham-sur-Meuse.
Cette prolifération engendre de nombreux impacts :
- L’oie se nourrit en permanence, principalement de végétaux entraînant un impact sur les pelouses et prairies : 1.8 kg maximum d’herbe /jour/individu adulte.
- Le surpeuplement dans un secteur restreint provoque un impact sanitaire : 0.500 g à 0.900g de matières fécales /jour/individu adulte.
- Le nourrissage accentue l’agressivité entre les individus lors de l’apport de nourriture. Cette agressivité envers toute autre espèce et les êtres humains se retrouve également lors des périodes de nidification et lorsqu’elles élèvent leurs petits.
Mais que faire, alors ?
- Ne nourrissez pas les animaux sauvages dans les espaces publics.
- Gardez la nourriture pour les animaux domestiques (chats, chiens…) à l’intérieur.
- Pensez Compost : Vos restes de végétaux et « alimentaires » peuvent être compostés, vous permettant ainsi de réduire vos déchets.
- Que faire en hiver : lors des hivers rudes, où la nourriture se faisant rares pour les oiseaux, vous pouvez, chez vous, installer une mangeoire en distribuant de petits quantités de nourriture (mélange de graines). Le nourrissage peut s’effectuer du 1er novembre au 1er avril avec une diminution des quantités dès le 1er mars.
Il est important de rappeler que la loi française interdit le nourrissage des animaux sauvages. Le règlement sanitaire départemental des Ardennes stipule en article 120 :
Il est interdit de jeter ou de déposer des graines ou nourriture en tous lieux publics pour y attirer les animaux errants, sauvages ou redevenus tels, notamment les chats ou les pigeons ; la même interdiction est applicable aux voies privées, cours ou autres parties d’un immeuble lorsque cette pratique risque de constituer une gêne pour le voisinage ou d’attirer les rongeurs. Toutes mesures doivent être prises si la pullulation de ces animaux est susceptible de causer une nuisance ou un risque de contamination de l’homme par une maladie transmissible.